Choisir ses actions :

évaluer leur prix et qualité


Si vous ne vous souhaitez pas confier la sélection de vos actions à un gestionnaire de fonds (OPCVM ou CEF), ou avoir un ensemble d’actions répliquant un indice boursier via un ETF, alors c’est que vous avez choisi de détenir vos actions en direct.

Mais comment choisir ses actions ?

La première chose à comprendre est que ce choix doit tenir compte de 2 facteurs qui doivent être validés tous les 2 avant votre achat :

  • La qualité de la société (de l’action)

  • Son prix d’achat


En effet si vous trouvez une belle société, en croissance, rentable ….mais que vous la payez trop cher, votre investissement risque de ne pas être rentable. De même, une entreprise/action semblant peu chère, mais donc le business décroit, dont la rentabilité baisse, à toutes les chances de voir son cours de bourse continuer à baisser.

Warren buffet a parfaitement résumé dans cette phrase ce qu’il faut chercher : « Notre but est de découvrir des entreprises extraordinaires à des prix ordinaires et non des entreprises ordinaires à des prix extraordinaires. »

Cette page du site va donc vous montrer, dans un premier temps, comment évaluer la qualité d’une société.

Puis dans un deuxième temps, nous verrons comment évaluer si le prix de l’action est bon ou trop élevé.



Comment identifier une belle société ?


Pour identifier une belle société, bien gérée et avec un bon business, nous allons « analyser » rapidement quelques chiffres des rapports financiers de cette entreprise.

Ces rapports financiers sont en général disponibles sur la partie « investors relation » du site web de la société.

Une autre façon d’accéder facilement à un ensemble de chiffres et indicateurs, est d’utiliser un site financier, tout comme le site www.morningstar.com qui est un des meilleurs et des plus complets.

C’est ce site que nous utiliserons ici avec comme exemple la société Coca-Cola (ticker KO)



Croissance :


Nous allons d’abord chercher à savoir si le business de la société est en croissance (ce qui serait parfait), ou à minima stable. En effet, il est risqué de s’aventurer sur une entreprise en perte de vitesse, et de miser sur un hypothétique retournement de situation.

Pour ce faire nous allons regarder l’évolution de 2 chiffres/indicateurs, accessibles sur l’onglet « Financials » de Morningstar

- Le résultat Net ("Net income" en Anglais)

- Le Free Cash Flow ou FCF

Le Résultat Net comptable (RN) désigne les ressources financières restantes de l’entreprise après déduction des charges totales et des produits à la fin d’un exercice comptable. Il mesure donc la richesse totale créée par la structure. S’il est positif, on parle de bénéfice, s’il est négatif, il s’agira d’une perte.

Le Free Cash Flow (FCF) correspond à ce que l'entreprise a encaissé (argent reçu) dans le cadre de ses activités opérationnelles au cours de l'année MOINS ce qu'elle a décaissé (argent dépensé) dans le cadre de ses activités opérationnelles au cours de l'année.

Quelle différence entre les deux et pourquoi le FCF est important ?

Une entreprise peut afficher un résultat net positif (donc a priori, un gain) avec un Free Cash Flow négatif (donc a priori, une perte). Ceci est dû à l’intégration ou non de certaines subtilités comptables (amortissements, délai de paiement accordé aux clients, location avec option d’achat…). Le FCF donne donc plus une vue plus « juste » que le RN de la situation financière de la société que le RN, puisqu’il intègre tous ces éléments (amortissements …).

Sélectionnez donc une société dont le résultat net ET le Free Cash Flow sont croissants (ou a minima stables) sur les 5 dernières années, avec une préférence pour la qualité du FCF.



Profitabilité / Rentabilité :


Un des critères le plus important pour choisir vos sociétés, et pour savoir si elles sont de qualité est celui de la profitabilité.

Cette profitabilité est « calculée » via un indicateur appelé ROE (Return On Equity). Il correspond au Résultat Net divisé par les Capitaux propres. En d’autres termes, cela permet de mesurer la capacité de la société à faire des bénéfices en fonction d’une certaine quantité de moyens.

Sélectionnez les entreprises ayant un ROE d’au moins 10% chaque année pour les sociétés financières (banques, assurances …), et un ROE d’au moins 15% pour les non-financières.

Il peut parfois arriver de trouver un ROE extraordinairement haut (>100%). C’est par exemple le cas des société rentables qui ont des capitaux propres très faibles.

Dans ce cas, on préfèrera utiliser le ROIC (Return on Invested Capital) ou Retour sur Capitaux Investis en Français, qui prend notamment en compte la dette pour le calcul des capitaux utilisés.

Sélectionnez les entreprises ayant un ROIC d’au moins 10% chaque année pour une société non financière. (NB : le ROIC ne fonctionne pas pour une financière)

En résumé :

- Pour une financière (banque, assurance) : ROE > 10%

- Pour une non financière : ROE > 15% et ROIC > 10%


Dans l'exemple ci-dessous (accessible sur l'onglet Operating Performance de Morningstar.com) on voit que Coca-Cola est une très belle entreprise en terme de rentabilité, et le ROE et le ROIC sont presque systématiquement au dessus de nos seuils :

Endettement :

Les entreprises ont presque toujours recours à l’endentement pour se développer, ou pour leur fonctionnement normal. Le fait qu’une société ai une dette importante n’est pas si négatif que ça, pour peu qu’elle puisse facilement payer ses mensualités. Il est donc plus important de mesurer le ratio de couverture des frais financiers par l'EBITDA.

Pour cela, on va diviser l'EBITDA (= résultat opérationnel corrigé des dotations aux amortissements) par la charge des intérêts de la dette.

Plus le ratio est élevé, plus la société est à même d’honorer ses obligations.

Sélectionnez donc des sociétés dont le ratio de couverture des frais financiers par l'EBITDA est élevé (> 6 – 8)

En conclusion, nous vous recommandons d’investir dans des sociétés que qualité ayant :

  • Un Résultat Net et un Free Cash Flow stable ou en croissance sur les dernières années

  • Une rentabilité calculée via ROE > 10% pour une financière ou >15 % pour une non financière, et un ROIC > 10% pour une non financière

  • Une couverture des frais financiers (dettes) par l’EBITBA la plus élevée possible (> 6-8)



Evaluer le prix d’une action :

Nous avons vu dans la partie précédente comment identifier des entreprises de qualité. Cette qualité se paie au travers du prix de l’action.

Comme dit en introduction, si vous payez trop cher l’action de votre entreprise, même si elle est de qualité, vous aurez du mal à rentabiliser votre investissement.

Il est difficile d’estimer la valeur d’une entreprise, et donc savoir si le prix de l’action est intéressant ou non. Nous allons là encore utiliser quelques indicateurs pour nous aider à détecter une opportunité ou non, et évaluer la « cherté » d’une action.



Le PER : pas si fiable que ça !


Le PER (Price Earning Ratio ou P/E) est un ratio populaire, facile à calculer et à trouver. Il se calcule en divisant la capitalisation boursière par le résultat Net, ou en divisant le cours de l’action par le bénéfice par action. On dit qu’on mesure le nombre de fois qu’une action capitalise son bénéfice.

Ainsi, plus le PER est faible, et plus l’action semble bon marché, et inversement.

Attention : Il doit être utilisé pour comparer des entreprises d’un même secteur d’activité. Par exemple, les sociétés du secteur Utilities / infrastructure engagent toujours de gros moyens (capitaux) et auront donc toujours un PER plus faible qu’une entreprise de Service par exemple.

On peut aussi utiliser le PER d’une société pour savoir si son prix est plus ou moins cher que d’habitude, en comparant le PER actuel avec les PER des années précédentes.

Mais le PER a 2 défauts :

  • Il s’appuie sur la capitalisation boursière, et ne tient pas compte de la structure financière de l'entreprise (endettement, trésorerie)

  • Son calcul s'appuie sur le résultat net, qui peut être « manipulable » (exemples : impact du résultat exceptionnel, influence des dotations aux amortissements et aux provisions).



EV/ EBITDA et EV/EBIT : mieux


De manière à prendre en compte l’endettement et le cash, et donc mieux mesurer la cherté d’une société, nous allons utiliser le Multiple d’entreprise qui est un bien meilleur ratio !

Il se calcule en divisant l’EV (Enterprise Value = Capitalisation + Dette totale - Cash) par l’EBITDA (Earnings Before Interest, Taxes, Depreciation and Amortization).

Tout comme pour le PER, plus le ratio EV / EBITDA est faible, et plus l’action est bon marché, et il faut comparer des entreprises d’un même secteur.

Certains lui préfèrent le ration EV / EBIT qui élimine la partie Dépréciation et Amortization du calcul, car l’EBIT est une meilleure approximation du Free Cash Flow.

Ces 2 ratios, bien que non parfaits, offrent un meilleur indicateur pour déterminer si une action et chère ou non. Cela dit il est toujours difficile d’estimer la valeur d’une entreprise, c’est pourquoi comme déjà indiqué dans la partie portefeuilles types & diversification, il est fortement recommandé de diversifier son portefeuille d’actions (diversifications sectorielle et géographique).


A titre d'exempke, ci-dessous l'évolution du PER, EV/EBIT et EV/EBITDA de Coca-Cola trouvables dans l'onglet "Valuation" du site Morningstar :

Coca est une entreprise de qualité, et se paie donc relativement cher comme le montre les ratios ci-dessous plutôt élevés.

Compte tenu de cette historique, on pourrait donc considérer que l'action ne serait pas chère, si son ratio EV/EBIT chutait sous les 20, et le ratio EV/EBITDA sous 17.